26 mars 2008

Dans le cadre d'un cours d'introduction à l'éducation offert à l'Université de Moncton, des étudiants devaient faire parvenir un questionnaire à des enseignants pour ensuite utiliser les réponses dans un projet de réflexion et des discussions en classes sur la profession enseignante.

J'ai cru bon partager mes réponses avec vous!

1. Pourquoi avoir choisi de devenir enseignant? (Qu'est-ce qui vous a poussé à faire ce choix, quelles furent vos motivations.)

J'ai toujours beaucoup aimé l'école, pas nécessairement les matières ou les devoirs, mais l'école en tant que milieu social. J'aimais y aller, faire du parascolaire, m'amuser, apprendre. Je trouvais que c'était un milieu riche. Je voulais vraiment continuer à faire du parascolaire alors je me suis dit que la meilleure manière serait de devenir enseignant; pour redonner aux jeunes ce que les enseignants m'avaient donné lorsque j'étais à l'école.

2. Quels sont les aspects qui vous intéressent le plus dans le métier d'enseignant?

Le contact avec les jeunes, l'utilisation des technologies dans l'apprentissage et le domaine d'étude en tant que tel (l'éducation est un domaine intéressant à étudier).

3. Quels sont les aspects qui vous intéressent le moins dans ce même métier (Ce que vous préférez le moins) ?

La discipline et la correction.

La discipline au sens qu'il y a beaucoup de comportements et/ou de problème à gérer qui ne sont pas, à mon avis, du ressort de l'enseignant mais bien des parents ou même d'instances professionnelles (travailleurs sociaux, psychologues, système de justice, etc.) mais qu'en bout de ligne nous n'avons pas le choix d'essayer de régler de manière à pouvoir faire notre travail convenablement et dans conditions acceptables.

La correction parce que, en tant qu'enseignant de français, c'est ce qui occupe le plus clair de mon temps. Personnellement, je trouve que je n'ai pas assez de temps durant la journée pour corriger, je suis donc pris à faire ma correction le soir. En plus, pendant que je corrige, je ne suis pas en train de préparer des cours intéressants ou d'apprendre de nouvelles choses par rapport à mon travail ou mes matières. En plus, je trouve qu'il y a un certain "conflit inter-rôle" découlant du fait d'être à la fois celui responsable de guider l'élève dans son apprentissage et celui qui est responsable d'attester de l'atteinte ou non des objectifs. Dit simplement, c'est difficile d'être 100%
objectif lorsque tu évalues tes propres élèves puisque c'est ton travail qu'ils atteignent les objectifs (donc qu'ils passent), même si tu as très peu de contrôle sur l'effort que l'élève offre dans ses apprentissages.

4. Quel est, à ce jour, votre but, votre rêve dans la vie? (personnel & professionnel)

Sur le plan professionnel, obtenir une maîtrise et un doctorat en "Instructional Design" ou en sociologie afin d'enseigner dans une université et donner des conférences.

Sur le plan personnel, ne jamais perdre mon goût d'apprendre, continuer à faire du parascolaire avec des élèves du secondaire (entraîner une équipe d'impro, par exemple) et, surtout, avoir une vie de famille épanouie.

5. Qu'est-ce qui vous fascine chez les enfants?

L'idée que toutes les portes leur sont ouvertes. Ils peuvent devenir n'importe quoi. Après le secondaire, nous devons faire des choix qui font en sorte que nos options sont de plus en plus restreintes. Par exemple, il serait difficile (pas impossible) pour moi de devenir médecin aujourd'hui, puisque je devrais recommencer ma formation post-secondaire du début, mais quand même payer les dettes accumulées par mon bac. en éducation tout en étant capable de faire vivre une famille.

Les enfants, pour leur part, ont devant eux un canevas blanc avec lequel ils peuvent faire ce qu'ils veulent, et c'est fascinant!

6. À l'école secondaire, quel type d'étudiant étiez-vous ? Comment voyiez-vous la profession d'enseignant?

J'étais un étudiant modèle en terme de comportement en classe et de respect de mes enseignants et de l'école en général. En ce qui a trait aux travaux, c'était la loi du moindre effort. Je ne faisais pratiquement jamais mes devoirs et je commençais mes travaux à la dernière minute. J'étais doué alors j'avais toujours de bons résultats. Mes amis étaient souvent frustrés de voir les résultats que j'obtenais sans trop d'effort!

J'avais une vision assez "romantique" de l'enseignement. Un peu comme dans les films d'enseignants qui arrivent dans une classe pleine de problèmes, trouve une passion ou une raison de vivre aux jeunes et change leur vie. C'est cliché, mais c'est comme ça que je le voyais puisque j'ai eu la chance d'avoir des enseignants vraiment inspirants. J'aimais les enseignants qui avaient une personnalité intéressante, quelque chose à raconter. Je pouvais apprendre la matière par moi-même en lisant des livres ou en faisant des recherches sur Internet, mais les anecdotes, les points
de vue, les suggestions de lecture, les passions pour des choses dont j'ignorais
même l'existence et tout le reste, il fallait un enseignant pour ça. J'avais un grand respect pour mes enseignants, autant ceux que j'aimais que ceux que j'aimais moins, parce qu'ils étaient pour la plupart de véritables "personnages" et je sentais que je pouvais en apprendre beaucoup avec eux.

7. Si vous pouviez apporter un changement important à l'intérieur du système d'éducation du NB, quel serait-il?

Les enseignants devraient avoir au moins 3 heures par jour sans les élèves. Pendant
ce temps, ils seraient en mesure, en plus de préparer leurs cours et de faire la correction, de faire du perfectionnement professionnel, d'innover et même de
faire de la recherche en collaboration avec différents organismes ou universités.

Est-ce qu'un avocat passe 80% de son temps devant un jury? Est-ce qu'un chirurgien passe 80% de son temps devant une table d'opération? Non, ils doivent se préparer convenablement et se garder à la fine pointe des derniers développements dans leur domaine respectif.

Est-ce qu'un travailleur d'usine passe tout son temps devant la chaîne de montage? Oui. Alors qu'est-ce qu'un enseignant? Un professionnel qui doit réfléchir à sa pratique afin d'offrir un service personnalisé et en constante amélioration ou bien une partie d'une chaîne de montage qui doit répéter une même procédure afin de créer
une série de produits identiques?

8. Qu'est-ce qui vous attend pour les prochaines années? (Dans votre classe, profession, vie professionnelle.)

Je vais intégrer de plus en plus les technologies de l'information et des communications dans ma salle de classe. De plus en plus, on nous demande de varier les productions des élèves, en faisant du montage vidéo ou en créant des cybercarnets, par exemple. J'aimerais beaucoup m'impliquer dans des projets d'intégration des TIC pour améliorer l'écriture.

Il y a une possibilité que j'enseigne des cours en-ligne de septembre à janvier, ce sera
une opportunité de me familiariser avec différents outils de collaboration.

9. Quel serait le conseil que vous donneriez à une personne qui désire devenir enseignant?

Occuper des emplois à temps partiel et d'été qui n'ont aucun rapport avec l'éducation, question de voir autre chose.

En gros, un enseignant, c'est quelqu'un qui est allé à l'école pendant 13 ans (m-12) et a tellement aimé ça qu'il va à l'université pendant 5 ans dans le seul et unique but d'y retourner pendant 35 ans. C'est donc dire que tu n'as pas vu grand chose. Le problème c'est que le monde de l'éducation est une bulle tellement grosse qu'elle s'auto-suffit et on peut y passer sa vie sans même réaliser qu'il y a autre chose que
ça.

Personnellement, j'ai toujours eu des emplois d'été qui n'avait pas rapport avec l'éducation et je trouvais ça bien parce que ça m'a permis de voir autre chose, de rencontrer des gens différents. J'ai travaillé à créer des sites web, à monter des tentes et des décorations pour des mariages et des événements spéciaux, à faire de la sécurité à l'université, j'ai même travaillé chez Weed-Man à étendre des pesticides et des engrais pour le gazon!

10. Y'a-t-il un événement, au cours de votre carrière en enseignement qui vous a marqué? (que ce soit de la part d'un élève, collègue, vous-même.)

Pas un événement en tant que tel, mais plus une constatation. Enseigner, c'est ce qu'il y a de plus satisfaisant, le problème c'est qu'on ne le fait pas souvent. Je n'irai pas en détails, mais j'ai tellement de paperasse à gérer qui n'a aucun rapport avec mon enseignement que ça fait en sorte que je n'ai pas le temps d'enseigner comme je le voudrais. Parfois, je me sens comme si je passe plus de temps à remplir des formulaires par rapport à ce que je fais pour aider un élève qu'à vraiment faire quelque chose pour l'aider.

14 mars 2008

11 mars 2008

J'apprends par le cybercarnet de Bruno Guglielminetti que Facebook est maintenant disponible en français!

Par contre, selon les commentaires laissés par certains lecteurs, il reste encore beaucoup de travail à faire, surtout que la traduction a été faite par des bénévoles...

Je comprends que Facebook soit devenue un phénomène d'envergure avec des millions d'utilisateurs, mais ce n'est pas tout à fait ce que j'appellerais un projet "libre" sans buts lucratifs. Facebook aurait les moyens de se payer des traducteurs professionnels et il y a un nombre impressionnant de projets "libres" qui ne demandent pas mieux que d'être traduits par des bénévoles. Je ne sais pas trop quoi penser de tout ceci: un exemple de la force et de la passion de la francophonie internationale ou du bénévolat afin d'aider une entreprise privée alors que d'autres projets souffrent d'un manque de ressources de ce type. C'est un peu comme si j'allais servir des clients sans rémunération chez McDonald's alors que la "soupe communautaire" cherche des bénévoles!

En passant, j'ai découvert hier le terme "français" pour nommer les sites comme Facebook. En Europe, on parle d'un trombinoscope.

Ce n'est pas à propos de l'outil...

Ceci est plus un "billet d'humeur" qu'un billet pédagogique, mais je me suis dit que ça pourrait déclencher une belle conversation.

Je rencontre souvent dans mes fils RSS une variante de la phrase Ce n'est pas à propos de l'outil... C'est devenu à la mode on dirait.

À la mode, certes, mais oh combien vrai!

J'en suis la preuve vivante:

Dans ma salle de classe, j'ai
  • un tableau interactif (SmartBoard)
  • deux ordinateurs assez puissant (Intel Dual Core, etc.) avec des logiciels tout aussi puissants (audacity, inspiration, Movie Maker, etc.)
  • une dizaine d'écouteurs avec micro
  • un lecteur DVD branché sur le projecteur accroché au plafond de ma classe pour mon tableau interactif
  • un ordinateur portable avec encore plus de logiciels que sur mes ordinateurs de table (Adobe Premier Elements, la suite Macromedia (Flash, Dreamweaver, etc.))
Avec Internet je/j':
  • tiens un cybercarnet
  • classe mes favoris à l'aide de del.icio.us
  • utilise Bloglines pour suivre des dizaines de cybercarnets et autres informations
  • gère un compte sur Flickr
  • utilise Facebook
  • utilise le courrier électronique et la messagerie instantanée
  • fais partie de groupe sociaux comme apprendre2point0.ning.com
  • suis membre d'un forum de discussion sur l'improvisation
Bientôt je vais recevoir à l'école:
  • Deux caméras digitales "MiniDV"
Et je ne parle même pas des technologies auxquelles mes élèves ont accès personnellement (iPods, cellulaires, etc.).

On serait porté de croire qu'un enseignant qui aime les technologies, a une assez bonne connaissance de celles-ci et A UN ACCÈS FACILE (sinon INSTANTANÉ) à tous ces outils serait capable de créer un environnement de classe comme celui auquel rêvent tous ces "edublogueurs" que je lis religieusement à travers leur fil RSS.

Mais non...

En fait, je serais même prêt à dire que j'ai une approche plutôt traditionnelle dans ma manière d'enseigner (bien que mes évaluations soient plutôt d'avant-garde; je réfère plutôt au temps que je passe en classe avec mes élèves). Je suis même coupable, quelle honte, d'utiliser mon tableau interactif comme si c'était un tableau noir, mais en plus pratique...

Bon, j'exagère peut-être un peu, disons que je fais de mon mieux pour intégrer les technologies, mais, sans vouloir me plaindre, je n'ai pas assez de temps pour faire ce que je voudrais faire et je reste toujours un peu déçu de mes expérience en intégration des TIC.

Je me console en me disant que j'en suis à mes débuts en enseignement, et qu'à mesure que certaines choses deviendront plus facile avec l'expérience (gestion de classe, etc.) j'aurai plus de temps à consacrer à l'utilisation de ces outils pour améliorer l'apprentissage des élèves et ma pratique professionnelle.